Ce 30 mars 2021, à l’hôtel Royal Palace, le COPRODAC présentait les résultats d’une étude menée depuis décembre 2021, consistant à tester la faisabilité de la projection payante des films burundais. Bref aperçu sur l’état des lieux.
L’intitulé du travail : « Etude sur le renforcement de la projection payante des œuvres audiovisuelles et cinématographiques burundaises», faites par des consultants chercheurs (Ferdinand Mberamihigo, Pascal Tuyubahe, Jean Bosco Harerimana) de l’Université du Burundi.
Tout d’abord, comme l’indique Jean Bosco Harerimana, l’un de ses chercheurs, l’objectif global de l’étude est de contribuer dans la mise en place d’une véritable industrie culturelle, en renforçant la filière de diffusion payante des œuvres locales.
Un objectif certes ambitieux, mais qui vaut la peine d’être fixé. «Plusieurs pourraient se dire que projeter des films burundais est quasi impossible. Mais avec les décentes faites, le constat a été autre. La population burundaise peut consommer les œuvres cinématographiques, moyennant un prix. Il suffit d’une dose d’implication réelle et effective de tous les acteurs du domaine»
Ainsi, la recherche a été faite dans 4 provinces du pays, à savoir Bujumbura, Ngozi, Gitega, et Rumonge. Le choix des lieux, comme le précise encore Jean Bosco, dérive de l’activité ayant précédé l’enquête, qui consister à lancer un appel à films, pour constituer un catalogue consultable, mais aussi à avoir une idée des cinéastes qui sont à l’œuvre, ainsi que les films qui sont disponible physiquement, et les genres de production. Ces 4 provinces ont alors été les plus productrices que les autres.
Par un questionnaire, plusieurs réalités sont sorties des enquêtés, qui sont les propriétaires des salles de projections, les clients, ainsi que les cinéastes (producteurs/réalisateurs).
Les réalités sur terrain
Comme le fait savoir Ferdinand Mberamihigo, lui aussi parmi les chercheurs, les réalités diffèrent, selon les lieux, et les personnes. «Les témoignages dans les salles de fortune de Buterere ou de Rumonge ne convergent pas, et avec raison, avec ceux de l’IFB. Pour tester la projection payante, dans les salles de fortune, nous avions fixés à 200 fbu l’entrée, mais à l’Institut Français du Burundi, ils entraient à 3000 fbu.»
Ainsi, la différence réside également au niveau de la demande, car, dans les salles de fortunes, ils réclament plus les films d’actions, tandis que dans les salles confortables, ce sont beaucoup plus des films d’histoire, ou des documentaires.
Cependant, des lacunes ne manquent pas, et sont par ailleurs multiples. Bachir Dia, producteur et opérateur artistique sortira qu’il faut beaucoup plus d’études approfondies sur la problématique, car au de là de la projection, il y’a la disponibilité des films, la qualité, la rentabilité pour les producteurs, la législation, et bien d’autres paramètres à contrôler. Evrard Ngendakumana, réalisateur photographe n’ira pas par quatre chemins. «On ne peut pas payer 200 frbu pour visionner un film qui a couté les yeux de la tête, et dire que le cinéma pourra faire vivre les cinéastes. C’est inimaginable».
Les stratégies à adopter
Jean Marie Ndihokubwayo, ayant coordonné l’étude pour le compte du COPRODAC, va indiquer quelques pistes. Il cite notamment la mise en vigueur de la législation, appuyer en formation les jeunes réalisateurs et producteurs, en vue de faire des œuvres concordant avec la demande des consommateurs, et ce professionnellement. Pour Jean Marie, la stratégie de faire payer une somme modeste aidera dans la fidélisation, car, ce qui est primordial est que les consommateurs soient fidélisés. Aussi, encore selon Jean Mairie, il va falloir une bonne stratégie publicitaire, avant la projection pour attirer un public large.
Aussi, en multipliant les lieux de projection des films burundais, il faut songer aux salles propres, large, confortable, aérées et accessible.